Cours n° 6

La création des ZEP en 1982  est un des symboles de la lutte contre l'échec scolaire qui est désroamais au cœur des politiques éducatives. Celle-ci prend un nouveau visage avec la figure du "décrocheurs". Pourtant, ce n'est qu'à partir des années 1960 que cette notion est apparue ? Comment cette question  a-t-elle été construite ?

L'école primaire instituée par les lois Ferry n'est pas une école de la promotion sociale. Elle se fixe deux objectifs: former des citoyens, républicaniser les Français; assurer la stabilité sociale.Il existe des ordres d’enseignement parallèles et cloisonnés, enseignement primaire d'un coté, l’enseignement secondaire de l'autre.
C'est d'abord la notion de « retard scolaire » qui émerge dans le cadre des travaux d'Alfred Binet. En 1905, ouvre un Laboratoire de pédagogie expérimentale, dans l'école de la rue de la Grange-aux-Belles. Il rejoint la Société libre pour l'étude psychologique de l'enfant (SLEPE), créé en 1899 à l’initiative de Ferdinand Buisson (1841-1932).
Binet à la jonction psychologie expérimentale / école

L’école, terrain de recherche de la psychologie scientifique

Les instituteurs sont indifférents aux différences individuelles.
• Âges mélangés.
• Apprentissages non différenciés
« cancre » : pourquoi ? Comment le prendre en charge ?

Distinction opérée entre:
 « anormaux d’école » = éducables
 « anormaux médicaux » = non éducables

Prise en charge par l’école mais dans des classes
spéciales
Ecole publique de la République
intègre tous les
élèves.

Construction de la notion de « retard » / écart mesuré par la norme (échelle métrique).

Loi de 1909: classes de perfectionnement
Ecart / norme scolaire
conduit à une
ségrégation.

 L’obligation scolaire révèle des écarts à la norme qui sont traités par la ségrégation sociale.
Bilan:
 Les causes de l’échec scolaire sont individuelles: l’échec scolaire s’explique par des déficiences
propres à l’individu que les tests psychométriques permettent de révéler.

Dans les années 1960, l'échec scolaire devient un problème politique.Les réformes de 1959 et 1963 instituant la prolongation de la scolarité obligatoire et démocratisation de l’accès au 1er cycle du secondaire (collège) font émerger la notion d’échec scolaire. Les premières enquêtes menées par l'INEP font apparaître, malgré la prolongation scolaire, la démocratisation ne progresse peu et le poids des déterminismes sociaux.
Les années 1980 constituent un tournant avec le projet d'une démocratisation de la réussite scolaire
La gauche au pouvoir lance la politique des zones d'éducation prioritaires. Elle fixe au système scolaire l'objectif des 80 % d'une classe d'âge « au niveau » du baccalauréat.La démocratisation de la réussite scolaire devient ainsi un enjeu de société, un objectif assumé par la collectivité.
La loi d’orientation de 1989
le processus de démocratisation aboutit à régir l’école selon deux principes :
- le droit à la réussite = affirmation que chaque élève doit être amené au moins au niveau V (CAP/BEP).
= on passe du simple droit à l’enseignement à un droit de réussir à l’école.
- l’affirmation d’une continuité et d’une cohérence entre l’enseignement obligatoire et l’enseignement post obligatoire.
= pour parvenir à diplômer 80% d’une classe d’âge au niveau IV et 100% au niveau V, scolarisation au-delà de 16 ans devient une évidence.

Conclusion:
 Le passage de la démocratisation à la lutte contre l’échec scolaire est l’histoire d’un désenchantement.
 On peut se demander pourtant si ce double écart entre l'idéal de la démocratisation de la réussite et la réalité de l'échec scolaire débouchera sur une rupture, ou s'il se résoudra et comment
 La notion de démocratisation semble avoir épuisé son efficacité sociale .